Cette journée d’études, née d’une initiative étudiante, a été organisée par Doha Bel Baraka, Kaan Abdullah Doğanok, Céline Koçak, Manon Moret, avec le soutien de l’IISMM, du master d’études politiques de l’EHESS et de Samira Boumlassa. Elle s’adressait aux mastertant(e)s et aux doctorant(e)s de toutes formations. Le thème était : “Les horizons de la religiosité : intériorités et altérités dans les mondes musulmans” et elle s’est déroulée le 15 mai 2025.

« On peut aimer ou ne pas aimer le chemin de Damas, de la Mecque et de Kairouan » (Mahmoud Darwich, « Siège pour les élégies de la mer»)
Ces trois lieux, investis de charges symboliques et historiques distinctes, traduisent une pluralité d’expériences du religieux. Si l’Islam est souvent envisagé comme un cadre normatif unifié, sa religiosité, elle, se décline en une multitude de formes et d’expressions situées. Entre intériorité et extériorité, pratiques rituelles et dynamiques de transmission, sphère privée et espace public, l’expérience religieuse oscille entre ancrages structurants et subjectivations mouvantes. Loin d’une appréhension essentialiste, il s’agit d’examiner la religiosité comme un processus social, historique et politique, traversé par des logiques d’appropriation, de négociation et parfois de contestation. La religiosité ne se limite pas à un rapport normatif aux dogmes et aux prescriptions ; elle est un espace d’agentivité, une interface entre le croire, le pratiquer et l’interpréter. Suivant la perspective de François Gauthier (2017), la religiosité s’inscrit dans une économie des significations où les individus mobilisent des répertoires symboliques pour faire sens de leur foi dans des contextes variés. Dans les sociétés contemporaines, marquées par des processus de sécularisation différenciée, de recomposition des appartenances et de médiatisation du religieux, l’islam se trouve au croisement de tensions politiques, sociales et identitaires. La manière dont la religiosité s’incarne et se performe dans des espaces distincts nous invite à interroger les frontières du visible et de l’invisible, du normatif et du vécu, du collectif et de l’individuel.
Cette journée d’études a proposé d’explorer ces itinéraires de sens, ces configurations plurielles du religieux qui s’ancrent et se transforment dans différents espaces en structurant les pistes de réflexions autour de trois panels.
Programme :
Panel 1 : La religiosité en débat : espaces publics et cadres normatifs
Barbara Moulin : Entre reconnaissance et résistance : Dialogue interreligieux et religiosités plurielles face à l’islamophobie
Fatima Zahra Belakhdar : Zaynab al-Ghazali : religiosité militante et agentivité féminine dans le champ de l’islam politique égyptien
Laodice Poupin : Se former à l’islam médiant : enjeux politiques de la formation aux métiers du culte à l’Institut Mohammed VI au Maroc
Panel 2 : Espaces fermés et intimités partagées
Jeanne Leblay : Piété filiale et transmission à rebours
Céliende Lebon : Ce que la mort fait aux femmes musulmanes : étude du métier de la laveuse mortuaire
Solal Rutgé : Corps et islam dans le Haut Atlas occidental : vers l’orthodoxie religieuse ?
Hilal Yucel : Intimités négociées : Expériences féminines, regards sociaux et frontières religieuses à Istanbul
Panel 3 : Mémoires et au-delà : religiosité invisible ? Imaginaires, mémoires et virtuels
Mouhamadou Fadal Dramé : La migration et religiosité délocalisée : la communauté Sénégalaise Mouride au Maroc
Céline Koçak : Prêcher sans minbar : les étudiants en Ilm et la fabrique d’une religiosité en ligne
Agnès Maury : La perspective non-duelle : entre expérience spirituelle et transformation du rapport à la réalité
Crédit photo : @Ath Salem
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
La rédaction (23 août 2025). Retour sur une journée d’études – Les horizons de la religiosité : intériorités et altérités dans les mondes musulmans. Carnets d'études politiques. Consulté le 10 novembre 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/14hvq

